distance

26 octobre 2010

distanceune distance. une distance comme point de départ. éloignement discret et présence des couleurs. vert et or, un point d’or sur un lac vert. puis le rouge comme une masse légère. repère. explosion de boucles lissées,  ciselées. doucement, naturellement l’éloignement est devenu présence. discrète mais perceptible. à la fois douce, maladroite peut-être, et mystérieuse. ce poids apparent qui renforce encore sa finesse, sa force. et toujours, encore ces couleurs. or et vert comme marque et signature. au delà de la curiosité, voire de la découverte, une évidence. une distance comme espace de proximité. partages photoniques. proximité et toujours ces couleurs. une distance et la recherche des couleurs. partage de l’espace et émotions. les photons comme source d’énergie, éléments de quantification de l’espace et de vibration. tourbillons et perte de repères. l’espace se modifie, se joue des sens sans vouloir revenir aux certitudes pesantes.
tourbillons et oubli. étonnement d’un espace rouge, vert et or nappé de noirs et gris. l’émotion pure, soubresauts. le flash dans sa violence efface les couleurs. la situation de nouveau stabilisée permet leur réapparition. chercheur d’or au fond du lac vert. hésitation, arrêt, la distance de nouveau. Différente pourtant, comme un lien, une ligne invisible qui transforme cet espace et ce temps jusqu’à courber l’éloignement.
arrêt, hésitation.
demi-tour inexpliqué, tentation et jeu, l’espoir fou de l’absolue continuité. soudain, l’obscurité. calme photonique, les couleurs ne sont plus mais la distance perdure, s’installe. il est trop tard, le temps s’est installé, flot continu, amplificateur de distances. loin de tout, la fuite estompe l’obscurité mais le mal est fait, l’impossible distance s’est installée, le contact est rompu. l’absence s’installe, restent les couleurs, images improbables et indélébiles. dernières tentatives, désespérées, de retrouver les bonnes couleurs, harmonie et alchimie d’un absolu égaré.
debout, je scrute au delà des horizons…

Lhorens b. Sartori

ambiance : bent light (Tennessee 2004) - Praxis

manifesto

8 septembre 2010

manifestoDes points, des rond colorés. Des volutes musicales qui se transforment en appels. Tous convergent, dans le temps et l’objectif. Vu de l’extérieur, un vaste serpentin bruyant et bigarré; de l’intérieur une lueur, une envie, une nécessité. J’ai vu cette masse, cette foule, perçu ses rires, ses espoirs et ses chants. Pourquoi exclure alors que la richesse vient du partage. Pourquoi nier sa réalité. Fuir pour nuire. Nier pour tuer. Le refus est une arme, avant tout une arme d’autodestruction.
Il est impossible d’atteindre l’objectif sans souffrir.
Les règles énoncent la raison du plus fort. Les règles énoncent la raison du plus grand nombre, Les mécaniques environnantes ayant plus de facilités à compter qu’à estimer ou analyser.
Ne pas être en majorité, c’est avoir tord ! Comment ne pas regarder ces principes comme les premiers fondement d’une exclusion.
Curieux j’ai regardé de l’autre coté de la muraille. J’y ai vu mille et un synonymes de la peur, j’y ai vu mille et une expression de l’inutile. Je revois encore avec effroi cette muraille se dresser toujours plus haut. Muraille qui enferme.
Au loin, il est encore possible d’observer les contes et les légendes. Légendes d’un temps où diriger c’est voir au delà des murs et des vues, c’est voir l’indicible, comprendre l’invisible. Mais ces temps s’éloignent. les chimères, séduisantes gypsy, ont su remplacé une réalité par une illusion.
Il est impossible d’atteindre l’objectif sans souffrir.
Du temps, encore du temps, tant d’unités temporelles gaspillées. Il est temps de ne plus laisser les nuits vides. Il est temps de pousser les portes, de ne plus laisser l’indicible dicter les possibles. Ré-inventer un temps de légendes et de chimères. Un royaume où le nombre n’est pas que vérité, un espoir où la pensée ne pas être unique, unilatérale et obligatoire. Un espace, un temps où l’illusion peut être réalité.
Lumière du jour et petit matin, l’Homme avançait soucieux et libre. Tant de chocs, de pensées dépensées. Il ne s’agit plus de faire mais de structurer. Cette société structure, ordonne mais ne fait plus. Un premier point de résistance est atteint. Soucieux et décidé. Ne plus attendre, avancer et bousculer. Encore un point de résistance. Cela sera long et difficile mais c’est la seule solution. Premier pas vers la liberté. L’Homme lève la tête.

Lhorens b. Sartori

ambiance : here comes the flood (exposure) - robert fripp

pente douce

4 septembre 2010

412-penteChercher, humer, remuer chaque gravillon pour ne trouver que le sable et la vapeur d’un temps oublié. je perçois encore si nettement les points, les contacts, sonorités, inquiétudes et rires. tant de vies broyées, gaspillées. l’ignorance a construit une histoire, le doute en a verrouiller les accès. donner sans jamais reprendre, donner sans attendre et pourtant…
l’éternité ouvre ses portes. tentation du gouffre, ne rien refuser. l’ensemble des impossibles se révèle. hallucinations ou illusions, nos rêves furent si réels mais la fuite les a fait voler en éclats. siècles après siècles je contemple depuis le balcon, les évolutions, les trajectoires. chutes et ascensions. quelques électrons plus loin, les yeux ouverts perdus au plus profond de la nuit, les reflets du visible sont absents. je ne cherche plus mon chemin, je deviens le chemin. volumes, reflets de formes invisibles, j’oublie jusqu’à la prochaine torpeur, jusqu’au prochain balcon. la pente est douce, la montée presque plaisante. pas d’arrêt ni de points de pause. aller au bout du bout, au delà la douceur de la pente. point de non-retour.
et après, encore après, plus loin, au delà. rien. rien de plus qu’un tout. rien de plus que les disparitions. rien de plus que ces illusions. l’analyse ne révèle que l’inutilité. l’analyse et le temps de n’analyse ne pointent que vers l’immobilité. l’analyse n’est que chemin. partager l’analyse ou prendre la pause de la contemplation réduit, dénature et détruit. seule l’analyse dynamique à la limite de la vitesse de circulation dans l’absolue nécessité de la chute permet d’entrevoir le temps d’avant. ce temps où le chemin reste visible. le chemin, jamais tortueux ou opaque mais limpide, évident. le chemin. course poursuite en équipe, le chemin et l’analyse.
plus loin, plus rien, plus vite. accepter le vide et la tentation de la chute. plus vite, plus loin. le néant n’est rien,  le néant n’est que le manque de vitesse et d’envie.  enfin ! la limite infinie où l’analyse dépasse le chemin. magie du moment, pas le temps d’en profiter et de rester accroché à un satori. il est temps de retourner voir de l ‘autre coté…

Lhorens b. Sartori

ambiance : narcoleprosy (mold) praxis

vibration

31 août 2010
vibration

Je n’aurai jamais du regarder. une faille, une infime veine à peine visible. comment imaginer un tel fracas. projeté, assis, secoué telle une balle en latex trop bien calibrée. mille rebonds. monter. descendre. le chaos supprime toute forme de sensation. attendre, ne plus contracter la moindre parcelle de chair ou de muscle.
les yeux ouverts, je contemple la lumière. trop de lumière. ébloui, je ne sais même plus si le mouvement est encore présent. pourtant, je me rappelle cette rencontre. l’émotion. la sensation, enfin, de lire le réelle. la vérité est ailleurs, fausse, fuyante, interprétée et captée par tous ces fanatiques en quête d’un monde qu’ils ne pourraient ni connaître, reconnaître ou imaginer….
la fuite. goutte à goutte, l’empire s’écoule, l’emprise s’écroule. la peste a fuit. soit! rien, plus rien. soit !
garder la distance, l’augmenter. la suite est inutile, elles sont loin. mécaniques environnantes, enivrées de certitudes, repus d’ignorance à doses mortelles. elles ne reviendront jamais. vibration du silence, il est possible que le calme se lève de nouveau. accepter l’inévitable. vite, plus vite, une forteresse à monter, un imaginaire à nourrir, mille lieux à décrire, à observer, à finir. ne plus rien rejeter en pâture. organiser.
la partition pourrait faire sens. partition finale, celle du silence. le matin nouveau, enfin. loin du…
attitude, altitude, laisser le chaos exprimer sa netteté. l’image est parfaite sans défaut, vibration, synchronisme absolue.
le flot se déverse, submerge, déforme et emporte.

Je n’aurai jamais du regarder. Une faille, une infime veine à peine visible. Comment imaginer un tel fracas. Projeté, assis, secoué telle une balle en latex trop bien calibrée. Mille rebonds. Monter. Descendre. Le chaos supprime toute forme de sensation. Attendre, ne plus contracter la moindre parcelle de chair ou de muscle.

Les yeux ouverts, je contemple la lumière. Trop de lumière. Ébloui, je ne sais même plus si le mouvement est encore présent. Pourtant, je me rappelle cette rencontre. L’émotion. La sensation, enfin, de lire le réelle. la vérité est ailleurs, fausse, fuyante, interprétée et captée par tous ces fanatiques en quête d’un monde qu’ils ne pourraient ni connaître, reconnaître ou imaginer….

la fuite. Goutte à goutte, l’empire s’écoule, l’emprise s’écroule. La peste a fuit. Soit! Rien, plus rien. Soit !

Garder la distance, l’augmenter. La suite est inutile, elles sont loin. Mécaniques environnantes, enivrées de certitudes, repus d’ignorance à doses mortelles. Elles ne reviendront jamais. Vibration du silence, il est possible que le calme se lève de nouveau. Accepter l’inévitable. Vite, plus vite, une forteresse à monter, un imaginaire à nourrir, mille lieux à décrire, à observer, à finir. Ne plus rien rejeter en pâture. Organiser.

La partition pourrait faire sens. Partition finale, celle du silence. le matin nouveau, enfin. Loin du…

attitude, altitude, laisser le chaos exprimer sa netteté. L’image est parfaite sans défaut, la vibration, synchronisme absolue.

Le flot se déverse, submerge, déforme et emporte.

Lhorens b. Sartori

ambiance : surrender (l'absence) hector zazou

avance !

12 juillet 2010

tangoavance, fuit, court.
le pavé, le bitume, la Seine.
avance, fuit, court.
le fleuve te rattrape.
oser traverser, oser le pont
faire le grand saut, devant, derrière.
avance, fuit, court.
enjamber ou tanguer, pont ou passerelle.
le fleuve dentelle la ville,
le fleuve rythme la ville, de la liberté à Saint Anne.
j’avance, je cours, je fuis.
stop.
immobilité.
j’admire le mythe, l’insolence et la tradition.
le point entre deux distances ne passe pas toujours par une droite…

Lhorens b. Sartori

ambiance : Puncher (Flying Sparks and Heavy Machinery) Annie Gosfield

2084

31 mars 2010

389Le jour se lève dans ma cellule alors que la nuit est encore bien installée à l’extérieur. Un coup d’œil rapide au plafond me ramène à la réalité. Il est 6 heures ce 2 février 2084.  Mon agenda ainsi que mes flux d’information s’affichent au plafond – décidément j’adore ce nouveau papier peint, son encre numérique est de meilleure qualité que le précédent. Les messages de la nuit apparaissent.
Isabo s’est décidé à travailler un peu, son dernier message mentionne à 2:50 (heure locale) l’analyse comparative et critique que nous devons envoyer au prof d’histoire appliquée. Mon agenda le mentionne également de manière plus brutale cette fois-ci : « 7 :00 – 22 :00 : devoir d’histoire d’appliquée ou un point de vue sur la vie au début du siècle ». Courage. Je dois être la première à me lever, je n’entends rien émanant des autres cellules de la maison. La simple pensée de pouvoir prendre une douche humide ce matin et de profiter du calme de la maison, avant que toute la famille ne transforme cet havre de paix en centre du chaos permanent, est un réel moment de bonheur trop rare.
Douche, petit déjeuner avec la meute et hop, retour dans le calme de ma cellule. Je m’installe face à mon cahier. Avant de rédiger quoi que ce soit, lire le message d’Isabo et imaginer un angle d’attaque. Intéressant, il a choisi de se baser sur la diffusion des quotidiens papiers qui ont dû perdurer jusqu’en 2015 avant que l’encre électronique ne permette d’éviter un gaspillage de cellulose et surtout d’énergie pour sa transformation et son transport. Heureusement pour lui des archives numériques sont disponibles. Il me faut trouver un autre axe d’approche. J’aurai bien pris cette idée mis son fuseau horaire lui a donné un net avantage cette fois. C’est en feuilletant les premiers articles téléchargés  dans mon cahier que j’ai réalisé que mon père et mon grand père ont longtemps tenu un carnet de route de leurs vies et des événements de la famille. Peut-être en creusant dans cette direction, en essayant de comprendre leurs modes de vie, pourrais-je comprendre cette époque qui aujourd’hui représente la fin d’un temps. Même si j’ai pu voir un grand nombre de documents d’époque je n’arrive toujours pas à croire qu’il y avait autant de terres émergées et que mes grands parents l’aient vu.
Comprendre la réalité des individus pour comprendre la réalité de la transformation, non pas la transformation d’une société mais celle d’un monde. Je tiens la bonne approche ! Comprendre pourquoi il était si convenable d’appeler cette planète Terre alors qu’elle ressemble plus aujourd’hui à un vaste océan avec quelques vastes ilots de terre. Comprendre l’acharnement que l’on nous décrit aujourd’hui, l’acharnement à tout bousculer, à se déplacer vite dans tous les sens telle une peur du moment présent. J’aimerai tellement comprendre. Aujourd’hui le déplacement aquatique doux est devenu la norme, les déplacements aériens ne sont réservés qu’aux urgences absolues et le développement de l’hélicoptère électrique permet de continuer à sauver des vies. Les agglomérations urbaines sont devenues des lieux calmes,  la première fois que nous avons entendu le bruit des villes au début du siècle, la moitié de la classe d’histoire a sursauté. L’enfer.
Tiens un message de papa !? Chouette, il a exhumé les premières feuilles du carnet de route de grand-père. Charmante et désuète époque où chaque élément de la révolution numérique devait avoir un petit nom. Heureuse d’avoir échappé à cela. Il faudra que j’arrive à comprendre la signification de « blog ». Et, bonne nouvelle, mon cahier arrive à le lire. Voyons… C’est magnifique, il y a des photos et des films de ses voyages. Des iles, des atolls, je croyais que tout cela était le fruit de légendes. Cela est donc réel. On dirait une autre planète, un lieu d’équilibre avec des passages en douceur d’une saison à l’autre loin de nos cyclones d’inter-saisons. Même si les structures sont capables de résister à presque tout, c’est toujours un moment de déprime, un moment où il semble que la planète ne veut plus de nous. Les prévisions météo-cycloniques font la une des flux de nouvelles. En fait, je crois que les cyclones d’inter-saison rythment nos activités.
Pratique ce carnet, il y a un classement chronologique. Voyons cela plus en détail…
2010, des récits de violences où l’homme n’arrive plus à s’arrêter, à profiter des évolutions qu’il apporte. Toujours plus, plus loin plus vite. L’Homme contre l’Homme. L’Homme comme arme de destruction absolue du paradis.
2020, une sur-utilisation de la robotique et des systèmes de surveillance à distance avec toujours plus d’automates et moins d’humains. Les carnets de grand-père me donnent l’impression d’un lent mais régulier processus de destruction massive de la présence humaine sur la planète. Alors que la destruction des autres espèces a été simplement massive. Il a fallu attendre 2030 et les premières vagues de réfugiés européens et nord américains pour que tout soit réellement remis en question. Des dizaines de milliers d’espèces disparues, une fragilité de l’écosystème et une remise en question de la biodiversité, des millions de déplacés, des victimes par milliers et seulement à ce moment tout a commencé à changer. Le début de la raison alors qu’il était déjà trop tard. Ces images, ces textes à la fois sur la vie de ma famille et les nouvelles de l’époque me font réaliser le fossé qui a pu se creuser en à peine deux générations. Un début de siècle dans la dépense, le gâchis où leurs formes de modernité les a séparé; où la découverte domestique des communications à la vitesse de la lumière a fini par donner l’impression à tous – et encore plus aux dirigeants – que la relation à l’autre, les déplacements devaient s’accélérer pour prétendre s’exprimer uniquement dans l’immédiateté. Quel contraste avec la nouvelle société et les points de repères poser en 2060/70 : « utiliser au mieux la technologie et les ressources restantes dans le but unique du respect de l’autre ».
La nouvelle spiritualité qui, à la suite de la grande guerre des religions, a permis de nous inscrire encore plus dans ce respect de l’autre.
Avant de faire part à Isabo de mes trouvailles, je continue à parcourir les notes de grand père. J’espère y trouver une réponse : « la nouvelle société est-elle la conséquence directe du grand changement ? » ou est-ce que ce grand changement a été limité, maitrisé par la mise en place de la nouvelle société ?
2 heures de lecture et rien. Même en parcourant les notes d’Isabo. Une impression étrange se dégage de tout cela, j’ai la sensation que les individus ont simplement repris le pouvoir en devenant solidaires, en (ré)inventant la nouvelle société. Le grand changement a nécessairement impacté la société mais l’humain et son mode d’organisation avait déjà commencé à muter, à s’organiser. Chacun interagissant avec ses voisins, posant les bases d’un individualisme qui prenait en compte l’autre. Moment de refus à l’autorité aveugle, moment de défiance où les bases du système social et économique se sont fissurées pour s’écouler sur elles-mêmes. Les victimes principales de ce cataclysme ont été les mainteneurs, toux ceux qui avaient oublié que 99% d’une population ne peut pas être asservie par le pour cent restant. L’application des principes de Darwin à une société, à une espèce. Les dirigeants de l’époque, politiques égocentrés incapables de comprendre et de répondre aux événements ont été submergés par une lame de fond. Ils ont disparus corps et âmes. Même leurs noms, leurs souvenirs ont totalement disparus de notre mémoire. Métastases de la maladie qui nous rongeait.
Beaucoup de conversations nous amènent à discuter notre société et notre organisation solidaire, fondée sur des entités qui s’intègrent les unes aux autres avec un réel niveau d’autonomie à chaque strate. Ainsi le pouvoir est aux mains de tous. Chaque élu est responsable ; le fait que la gestion de la société soit intégrée aux activités et que la profession politique ait disparue semble avoir changé radicalement la situation. Il est vrai que l’arrivée des conseils de sages a amené de la cohérence. Les anciens régimes, systèmes corrompus à eux mêmes, quel horreur. Dire qu’il a fallu autant de morts, de massacres, de catastrophes pour arriver à une situation raisonnée. Je suis heureuse d’être née à notre époque et triste en même temps car jamais je ne verrai ce qu’il y a au bout de toutes ces rues qui plongent directement dans les flots. Fille des Legos, mes champs de jeux sont les toitures végétales. Je suis amusée de constater que nous – l’humain – avons réussis à reconstituer un environnement, des lieux de vies, d’échanges, d’activité sur les ruines d’une expansion déraisonnable, emballée, subie. Certes nous vivons dans ce que mes parents appellent encore « les contraintes » mais la vie, l’autre quel qu’il soit a une valeur. Nous avons tous la meilleure place. Grand père a fini par s’habituer aux containers, à la répétition des espaces mais il regrette tant les promenades au bord des canaux.  Maintenant, il se promène le long des bandes de terre…
Tous ces documents, ces articles sur la grande régression. Arriver à moins de 4 milliards d’individus et consommer – en équivalent 2020 – les mêmes ressources bio climatiques que 2 milliards est certainement le vrai changement. Mais nous ne retrouverons jamais ce paradis perdu, les contrôles stricts des naissances, le niveau des océans, l’absolu contrôle de l’utilisation des ressources pèsent certains jours mais je vais proposer à Isabo d’orienter nos travaux sur la translation des paradis, sur la conscience de l’espèce. Maintenant nous savons que nous vivions au paradis. Maintenant nous savons comment faire. Évidemment, ce paradis est définitivement perdu mais doit-on, peut-on considérer que l’aspiration naturelle de l’humain pour le paradis doit disparaître. Sans doute non. Ici et maintenant est notre nouveau paradis, nous ne cherchons plus l’absolu, nous le construisons, nous le protégeons. Nous sommes devenus les servants de notre Terre.
Je suis impressionnée par cette plongée dans l’histoire de presque un siècle et les notes de grand père m’ont permis de comprendre un point fondamental ; d’un point de vue factuel et distancié, le peuple de la Terre du début du siècle est radicalement différent de ce que nous sommes, de ce qu’ils sont devenus. Nous sommes des étrangers avec l’impression lourde et étouffante que des pans entiers de cultures ont convergé avec la disparition de points de diversité. C’est en partie ce que grand père a du mal à accepter, lui qui a toujours été un fervent défenseur de la diversité sous toutes ses formes. Nous sommes donc des étrangers et dans le même temps, grand père et tout ceux de son âge me semblent proches, ils sont dans leur époque. Ils l’ont construit pour répondre aux catastrophes et à une société devenue incontrôlable. L’humain dans son égoïsme a montré son adaptabilité et son animalité. C’est la survie de l’espèce et non des individus qui a prévalue. Peut-être la plus grande leçon du siècle.
Trêve de nostalgie, à chaque jour son espoir son fardeau, j’ai promis à Isabo de lui envoyer un plan et une première ébauche.
Et comme dit grand-père « comprendre, écouter c’est rendre l’avenir possible…. »

Lhorens b. Sartori

ambiance : 1925 (diasporas) Ibrahim Maalouf

eux

2 mars 2010

tant sont passés, peu ont pu fuir.
leurs images sont restées, incrustées au plus profond des chairs.
jours de miracles, de folies et d’insouciances, tous ont coulé. passés, consommés comme une route vers les équilibres instables, rythmés par des coups de balanciers. butoirs invisibles dont on rit, seul le jeu existe. point de résultat, point d’enjeu. folie d’une journée, d’une année qui ne résiste pas à l’usure.
j’aime à repenser à ces bâtiments vides et silencieux que tu imaginais pleins d’une foule joyeuse et festive. folie d’un instant née de l’envie et de l’excès.
j’aime à repenser à cette ruelle qui dévoilait ces voilages blancs et une ombre si lumineuse. course effrénée.
j’aime à revive ce tête à tête cachotier et timide autour de goûts cachés, d’envies et de fuites. disparition. à la couleur, aux bleus, aux verts, aux paillettes dorées d’un regard a succédé le noir et blanc. celui de l’absence. ne jamais se résigner, refuser pour mieux survivre au cœur des ruines, de l’impossible, de l’insoutenable réalité.
j’aime à refuser cette vision sans excès, sans saveur ni ombre. entrer de nouveau dans la ronde de quelques couleurs.
fuir sans doute, retrouver des ombres pour émerger à la lumière. aveuglé, je laisse mes yeux s’habituer de nouveaux à ces bleus, ces verts. odeurs et sensations si familières. puissance et calme des pluies de printemps alors que la glace a disparue des caniveaux et que je laisse mes pas éclabousser mes pantalons.
je vous regarde, nos regards se croisent sans que l’on puisse se voir ou s’apercevoir. solitude du pas et cicatrices encore béantes.
expérience d’un univers qui a fini par oublier ces marionnettes. marionnettes qui ont cru exister. bois, porcelaine et fils emmêles, le désordre règne dans le petit théâtre et tout autour de l’atelier.
j’ai entendu les complaintes des collines répondre à la lande, le brouillard de la prairie et le crépitement des ronces sur l’herbe mouillée rompre le silence de l’aube. tant d’images incrustées dans les chairs.
gravir la colline pour mesurer le chemin parcouru et rendre hommage à la générosité, aux oublis, à ces moments, tous ces instants. laisser son regard s’échapper tout autour pour contempler beautés et désastres.
les yeux clos, face aux vents, les cordes vibrent. solitude du grain qui éloigne le passant. trempé, épuisé je ne lâcherai pas, trop d’ombres et de sang. filets rougeâtres emportés par le courant, ce sont vos instants. survivre pour continuer à permettre la mémoire, survivre pour célébrer. l’averse, puis le déluge, le filet s’épaissit.
trempé, épuisé je ne lâcherai pas, trop d’ombres et de sang
je ne suis que la somme de dons absolus.

Lhorens b. Sartori

ambiance : après moi (scratch my back) peter gabriel

goutte

15 février 2010

chaque point comme une goutte, une délicate explosion. brillance, éclat primaire.
La rue est déserte, les avenues vides. badauds, curieux, étranges, toutes les mécaniques environnantes semblent être rentrées comme volatilisées. peu de renégats, de ces promeneurs solitaires, attardés qui n’ont qu’à profiter. rien.
les cristaux se sont installés où sont balayés; la prochaine averse rendra la situation encore plus inconfortable. les mouvements d’air glacial se sont renforcés. froid, frémissements. chaque recoin, chaque espace de contact est clos. pourquoi une telle décision, pourquoi claquer cette porte aussi fort pour ensuite poursuivre, tenter de retrouver ce qui est perdu depuis tellement de temps. le claquement devient secondaire, la différence s’est marquée il y a longtemps déjà, au loin. S’arrêter, profiter pleinement des éléments, de ce nouveau désert.
tous, même ceux qui n’ont plus le choix, sont rentrés de grès ou de force.
folie ou certitude, continuer. la quête est là, tout près, dans cette brume, dans ce désert maculé, dans ces tourbillons cristallins. la glace claque les visages, les yeux perçoivent sans voir. la lumière artificielle renforce les contours. sépia. froid, réactions épidermique, fausse route et faux semblants. trop d’images défilent.
aucun risque de sombrer dans la folie ou quelques hallucinations, ce monde est le monde. Illusions perdues. s’arrêter pour profiter du moment, du lieu du silence assourdissant de l’air en mouvement. profiter face au déchainement, se dresser jusqu’à oublier la douleur, les douleurs. brûlures.
voir, se retourner et hurler sans bruit. défiance.
le point de luminance, point de fuite est à portée. solitude glaciale. ne jamais s’arrêter. la mesure, cette vieille ennemie de la raison que tant de générations d’ignorants ont crû devoir associées pour mieux bâillonner.
le vent portera t-il nos messages, nos cris, nos souffrances ? il en a mémoire, il nous est témoin. le pas mal assuré, continuer, rien ne pourra plus stopper ma course. au bout encore et encore, j’attends la chute, celle qui m’apportera la réponse.
les possibilités s’amoncellent tels des flocons de vie. chaque possible, chaque croisement est une fin en soit, un autre champ des possibles.
plongée dans l’absolu impossible d’un voyage chaotique au travers de ses choix.
chaque point comme une goutte, instantané unique. l’impact disloque sans permettre d’identifier les trajectoires. observer pour mieux disparaître.

Lhorens b. Sartori

ambiance : Tranz sender (Re-evolution) Robert Musso - Transonic

(typo)lo.graphie

18 août 2009

chaque mouvement crée le mouvement, chaque pas amène une nouvelle lecture. s’arrêter, lire, avancer, reculer. se repérer et lire de nouveau, la même séquence, différente. jeu de cache-cache où la perspective disparaît. faire le tour encore et encore. répétition, rupture, chute. collage, décollage, usure de la lettre, et pourtant. il est toujours possible de faire le tour, de lire et relire sans obtenir une lecture identique. copier, reproduire et tout recommencer encore et encore. debout, assis. tourner le dos à la palissade pour l’oublier, reprendre de zéro, ne rien mémoriser. le mot disparaît encore et encore, la lettre a pris le pouvoir et le moindre mouvement amène l’abstraction cubique d’un mot, d’une phrase qui n’existe que par le point de vue. la lumière change et la perception du mot suit, se liquéfie dans une arabesque photonique. le promeneur, celui qui ne fait que passer perçoit un texte, une vérité, sa vérité. son passage, sa promenade ne lui donne qu’un point de vue, le sien. il est incapable de percevoir ou d’imaginer l’autre. la certitude de son point de vue unique et déjà erroné lui suffit. il est toujours possible que le promeneur, le passant, le certain s’arrête et fasse un pas – même insignifiant. pas de coté ou pas compté, c’est toute sa lecture qui s’en verrait modifiée. mais cela ne changerait rien à sa perception, il passerait d’une certitude à une autre, d’un univers le sien, à un autre, toujours le sien; sans même percevoir le passage d’un univers à l’autre. pour voir l’autre, des autres cotés du miroir, il faut accepter cet autre, le possible et l’impossible. ne pas arbitrer. regarder pour profiter, chercher. ne pas se contenter d’une simple réponse exhibée dans une seule dimension. pour voir, il faut regarder et accepter. accepter de ne pas voir. accepter de se tromper. tout existe mais tout n’est pas toujours visible, immédiatement visible.  la diversité est la source de la vision. accepter de faire le tour, encore, encore, encore, encore, encore et encore. sans cesse de changer de pas, de regard, de hauteur et puis accélérer. plus vite encore. aller plus vite. mélanger tous ces tours, tous ces points de vue dans une ronde vertigineuse, à une vitesse où tous les points de vue se rejoignent, au moment de la fusion. celle de la conscience qui s’ouvre. celle où le corps et l’esprit sont submergés de toutes les vérités pour former un moment, un espace où la vérité disparaît. je vois, donc je suis. assembler l’ensemble des points de vue pour permettre le désassemblage des unités égoïstes.
alors je me lève et commence à enchaîner les tours, les variations. doucement tout d’abord, pour profiter en tentant de mémoriser chaque tour passé. peut-être aurais-je le courage d’accélérer pour trouver la lumière. un pas de coté, une tête baissée. un tour à l’envers. j’avance.
oseras tu ?

Lhorens b. Sartori

ambiance : the 7th (meridiem)

scintillements

14 juillet 2009


c’est l’heure où les ombres reprennent leurs places, silhouettes découpées sur fond d’un ciel encore bleu. bleu avant de s’assombrir. bleu sans toute sa profondeur, bleu avant le scintillement. les détails, tous ceux que le jour cache, apparaissent enfin, loin de leur pudeur diurne. ils s’exhibent, quittent leur insignifiante absence. ils découpent, transpercent le reste de clarté. dans quelques minutes les derniers reflets de l’astre du jour auront disparus et cette troupe aura pour partie retrouvé sa partie d’ombre et d’anonymat. quelques instants chaque jour, quelques instants entre le jour et la nuit, cet instant où tout pourrait être possible, cet instant où le droit du silence et du calme semblent s’exprimer au mieux. troupe éphémère qui ne s’exprime qu’entre deux, dans l’absence, sans jour ni nuit, obscure lumière de l’avant nuit.
des pas, le feutre des pieds nus sur le bitume surchauffé d’une journée caniculaire. loin des codes claniques, il devient possible de laisser aller la marche, l’imprécision du pas ou le hasard du regard. les premiers scintillements apparaissent. sonorités feutrées et pas lents sans hésitation, sûr de leur fait mais lents. une lassitude arrive puis disparait, « n’as tu jamais été chanceux » murmure la voix. les Laments se approchent. les formes ont changé d’apparence, une luminosité douce les accompagne tels de jeunes anges verticaux qui n’auraient pas encore tout à fait le contrôle de leurs ascensions. anges verticaux, anges déchus, le mirages des corps, des silhouettes. rien d’inquiétant, une tentation d’harmonie. échos des pas nus sur le sol. avancer au hasard sonore de la ville calmée par les ombres et la sérénité de la nuit. un léger frottement presque un flottement
chaque absence renforce le scintillement. cachés, tapis à l’abri des pollutions de la cité, les scintillements prennent forme et guident le voyageurs solitaire.
la nuit, cette nuit, ombre dissociée du jour. obscurité bienfaisante, synchronicité augmenté, le geste précis, tout redevient possible.
l’avant nuit a définitivement disparue, le voile de fraîcheur s’est installé. il est temps.
je me fond dans la nuit pour mieux exister, pour mieux disparaître…

Lhorens b. Sartori

ambiance : Vertical Angels (nus)