nuit et aveuglement
aveuglé par la clarté de la nuit, celle des caisses claires, des timbales et des carnavals. halo luminescent et imaginaire d’une nuit noire, lumière d’une fête rêvée. peut-être, aurais-je du accepter de dormir lorsqu’il en était encore temps. je ne saurai plus compter le nombre de jours et de nuits sans sommeil. ces nuits bercées de vagues bleues et ces journées transpercées par un trait blanc, parfois laiteux. la fatigue a disparu avec la perte des repères, même si la perte des repères est apparu avec la fatigue. je ne suis plus, posé là, de coté, dans un attardement sans fin. perdre ses repères, c’est perdre le pourquoi, c’est accepter la chute sans fin, chute sans impact tant l’aveuglement est grand.
et pourtant, il ne s’agit pas d’oublier maintenant mais de se souvenir différemment. se souvenir d’hier sans savoir ce qu’est aujourd’hui. voyage dans un temps et plusieurs espaces. je suis hier alors qu’aujourd’hui s’est déjà installé. la chute a peut-être cessé. je suis dans cet ailleurs ou l’espace et le temps se confondent en un point unique. intensité. lieu unique de vie qui élimine, élime le temps. plus de temps qui passe mais unique temps qui s’accumule. temps sans déroulement où un moment réapparait juste après sa disparition.
aveuglé, je cherche le point de contact, le point de passage pour retrouver une marche du temps, échapper à l’illusion de la clarté et retrouver – enfin – la bulle bleue, celle des origines du temps.
plongé dans un sommeil profond, les yeux grands ouverts, je sourie…
Lhorens b. Sartori
ambiance : aram of zoba (Jonas Hellborg)