des visions du Cody
lundi 1 janvier 2007Lueurs nocturnes. Reflets humides et dansants. Promenade d’un soir d’hiver. Temps clair et dégagé, c’est la nuit à Paris. Nous survolons cet espace mythique. Bord de Seine et pavés. Harmonie, désert.
La foule est là mais elle n’est qu’un décor, un monument de plus.
Visions. L’ordinaire se fait extraordinaire. Volupté de l’apesanteur, survol des quartiers clairs. Nous profitons, nous sommes la ville; chaque pierre est une partie de nous-même.
Histoire collective, drôle et suicidaire, folle et dramatique. Ville de liberté si policée. Les grands boulevards, les petits boulevards, circulation incessante. Le flot continue de véhicules ressemble, la nuit, à des barrières rouges et blanches impossibles à traverser. Cordons lumineux irréels.
Telles des mécaniques, personne ne se voit. Aucun regard. Regards vides. Avancer. Reculer. Repartir.
Des visions du Cody. Amoureux absents.
Nous sommes loin et pourtant nous nous promenons, là, sans limite. Passion. Respectueux de cette beauté irréelle, timides, nous ne voulons pas la déranger.
Bientôt, l’astre du jour nous en révélera l’autre face, mais restons encore un peu. La fête n’est pas finie.
Toits, cours carrées, pyramides, colonnes, nous prenons de l’altitude. Lumières de la tour. Frustrations. Elle est là, devant nous et, impuissants, nous ne pouvons l’étreindre. Nos yeux seuls peuvent la caresser, l’embrasser. Alors, nous contournons, tournoyons pour mieux nous perdre et admirer, apprendre chaque détail. Rumeurs, presque le silence. Écoutez là, écoutez la, écoutez le langage de l’amour.
Promenade nocturne, errance à la recherche de notre vérité. Promenade intérieure. Nos erreurs nous projetterons dans l’au delà, l’au delà de ses murs protecteurs. Les portes ne sont plus, depuis longtemps, gardées mais son véritable accès en reste difficile. Long travail d’initié. Le maître, amateur de chimères n’est pas loin.
Balcons immobiles. Pigeon dort.
La tension augmente. Elle reste calme mais nous sentons une présence. Une ombre.
Nous continuons.
Des visions du Cody. Neal and jack and me.
Ballade infinie, ruelles et portes cochères. La Seine, encore.
Soudain, l’oppression se fait réalité. Ballet de lueurs, beauté du lieu, artifice de la pensée. Plaisir d’un moment inoubliable, des gerbes de photons arrosent les vieilles pierres qui retrouvent leur jeunesse. Éclats. Folie de l’artifice, fréquence insupportable. Basse frénétique.
Sartori à Paris.
Obscurité, calme et tranquillité. Tout à disparu, les souterrains apparaissent. Retour au source. Éclairage faible, des lueurs au loin. Abasourdis, nous avançons. Ça et là quelques ruissellement apparaissent sur les murs. Explorateurs d’un nouveau monde. Des bruits étouffées nous parviennent. Conversations, fêtes, leurs secrets nous est caché. L’électricité, fée ou mauvais génie, court bruyamment dans les câbles multicolores qui semblent calibrer noter procession. Nous, je, tu, groupe ou individu, nous avançons. Nos corps semblent depuis longtemps nous avoir abandonnés. Galeries multiples, aucune difficulté dans le choix de notre itinéraire. Nous n’allons nulle part, peu importe où nous arriverons.
Adieu belles pierres. Tours embrumées, cafés nocturnes… Tout cela a t-il réellement existé ?
Nous avançons couloirs après couloirs, l’inconnu nous appartient, nous sommes l’inconnu.
De temps en temps, un éclair nous apparaît, lueur vive, image du passé. Boulevard au enseignes multicolores, clignotantes, scintillantes. Mais nous continuons sans nous laisser berner par ces images polluées, fabriquées – les pièges existent, nous ne les retiendrons pas. Silence des espaces désertés. Sirènes, cris, violence. Silence. Obscurité totale. Néant. Calme d’un espace saturé, espace saturé de vide. Bien-être. Secondes, minutes, heures, le temps n’est plus.
Pendant combien de temps ? Absence, présence. Pas un son ni même un bruit. Néant.
Bise légère. Scène étrange. La grande ville est silencieuse. Rien ne se passe. Ruelles, presque des impasses. L’horizon ne bouge pas alors j’avance, inanimé. La Seine seule. Il est 4 heure.
Seul, je marche et j’admire toutes ces lumières, ces reflets. Liberté. Il semble que je sois l’unique occupant de cet espace nocturne.
De retour dans les rues et avenues de la carte postale, les formes habitantes réapparaissent. Elles semblent plus conviviales. Regroupées par quatre ou cinq, elles semblent discuter, écouter. A certains endroits, places ou carrefours, des orateurs réunissent beaucoup plus de monde. Parfois le débat est réellement installé et les discussions se font plus houleuses. Plus de véhicules et plus de folles machines vidéo pour prendre tout le temps. Dévoreuses d’esprits, elles ne laissent que peu de chances à leurs victimes de plus en plus consentantes, de moins en moins lucides.
Plaisirs d’un monde égoïste. Sonorité d’un monde partagé.
L’espace s’ouvre devant moi. Léger, je reprend mon chemin, la route est encore longue mais je ne me suis pas trompé.
Neal and jack and Me. Sommeil. Tourbillon. Lumière faible. Obscurité. Nuit calme. Ordre et désordre.
Silence.
beat
Lhorens b. Sartori