promesse
mardi 28 octobre 2008vision brouillée après des heures de marches dans la brume. il semblerait que la mémoire de toutes formes aux contours parfaitement définis ait disparu. des heures de marche entouré d’une ouate glaciale. un pas puis un autre et encore un, chute sans fin toujours stoppée par la suivante. chute sans fin dans un monde sans limite. navigateur des montagnes, j’ai perdu ma vigie. seule la mémoire de la promesse me permet de continuer, de ne pas désespérément mettre fin à cette chute. allez encore un effort. chaque pas n’est que le fantôme du précédent.
hallucination. hallucination auditive, depuis des heures, j’entends les cornes. morne appel, complainte de la vallée. je ne sais plus.
les sonorités rauques flottent et envahissent la brume. vibration des cristaux de glace dans l’air. La brume dans son infini manteau vibre, tout mon être répond à l’unisson. mon esprit semble aligné avec les vibrations. ai-je perdu la foi, ai-je abandonné la trace. je suis debout, tendu et chancelant. harmonie. mon corps est en phase avec ce non lieu, ce territoire de l’absence. mon esprit dérive, enivré, coiffé de sons. je ne cherche plus, je trébuche.
même si la foi décide de m’abandonner, je ne la quitterai pas. Sangsue de l’espoir, je continue ma chute.
depuis quelques minutes les cloches accompagnent mon manteau monophonique.
la promesse ! encore et encore.. la promesse.
Je ne sais plus où se trouve ma raison, je ne sais plus, pour quelle raison mais je me parle à deux ou trois voix.
la cloche, vous l’entendez ?
si proche et pourtant rien autour de moi si ce n’est ce chemin de terre et de rocaille. la cloche, encore. un sifflement. je trébuche, j’ai envie de me précipiter. dans quelle direction? éviter le vide, l’abysse. avancer encore; un puis deux et encore, la chute perpétuelle.
pour quelle raison ?!
stop!
debout, hurlant, les bras jetés au ciel, je me vois appeler le néant, implorer la fin, la désespérance, l’absolu, le tout. hurlement primal, liant à la lignée, à la première tentation. cri de défiance, requête de l’ultime, à la fois fin et commencement. fin. à la fois fin et recommencement.
allongé, la rocaille a disparu. au travers de mes paupières closent, le tintement des clochettes me sort de la nuit. roulement de sonorités, les clochettes rythment les allers et venues. je sens le frottement des mouvements, chaque frémissement de l’air sur cette nouvelle géographie. allongé, mon corps a disparu, l’essence de mon être se répand dans le lieu. je ne tombe plus, je suis tombé. je ne cherche plus le lieu, je suis le lieu. mes sens ont abandonné mon corps. tintements, scintillements, les clochettes passent de mains en mains. avancent puis reviennent. scintillement.
je n’ai plus de questions à me poser, j’ai pu atteindre la promesse. au delà du satori, au delà de la pensée, je suis la promesse, la découverte et la fuite. tout et rien, fin et recommencement.
je me lève, pour faire un pas, puis deux…
Lhorens b. Sartori
ambiance : Life, Space Death (Bill Laswell, Toshinori Kondo, The Dalai Lama), Music