sutures

La nuit, l’espace encore enfumé. tout aurait dû être fini depuis longtemps, trop longtemps sans doute. La troisième porte s’est ouverte béante comme une plaie jamais recousue. l’air frais chassa le vicié trop peu renouvelé. à peine, la troisième porte atteinte, je la vi(e)s. pétrifié, la course n’était plus que mon seul salut.
l’air frais, le ciel carmin, le bitume. trop de lumière. aveuglé par ce rêve qui n’est pas le mien.
silences.
les ombres montent et m’envahissent par milliers, me traversent, me bousculent. toujours debout, les sutures cèdent.
carmin et sucré.
je refuse de sombrer et reprend ma course hésitante. Je l’ai vu, il n’y a aucun doute. rien n’est plus fini. les hautes murailles, murs porteurs de grappes de témoins voyeurs semblent s’élever jusqu’aux cimes. cris, courses et trahisons. les machines environnantes sont telles qu’elles mêmes. bruyantes et inutiles, envahissantes et viles.
que cesse ce vacarme! la poursuite doit reprendre. Les couleurs disparaissent.
carmin et sucré.
la fatigue et le froid me gagne. marcher. courir. sauter. marcher courir sauter. marcher courir. Je ne respire plus, je flotte. la foule toujours aussi agitée s’est tue. seul le ténor récite sa prière, incantation multiple et malheureuse, sorte de plainte d’un monde sans âme à des dieux sans croyances.
plaintes d’un monde sans croyances à des dieux sans âme.
plaintes d’un monde sans dieu à des âmes sans croyances!
le cœur, les jurés apparaissent, la foule s’en mêle. je les voie à peine. où est-elle ? pourquoi la troisième porte ? trop de lumière, pas assez de questions. il fallait accepter et nier l’essence même. nier le commencement, le cri originel. accepter et renier. aurais-je pu fuir encore une fois?
lumière !

Lhorens b. Sartori