corde raide


la corde tombe, rebondi puis résonne. rebondi puis résonne. la chute stoppe. net et repart de plus belle . accélération. stoppe. rebond. coup sec, arrêt net. inanimé je remonte doucement. tomber. arrêter. tomber. arrêter. chute libre court le long de la corde raide. enfin je touche le bois, tel un pavé humide et brillant, une course éfreinée m’emballe loin de ces chutes. trébucher sans tomber. ne plus tomber et pourtant la chute est douce… le sable sous un corps cassé, martelé, les muscles tendus à l’extrême je perçois le flot s’abattre sur la chair. alors je cours. je reste. pourquoi aller aussi loin pour finir si près. la fin n’est jamais si loin mais on l’imagine alors je refuse et je me jette à corps perdu dans les bas fonds sonores, sifflements de cordes raides , épaisses faites du métal qui coupe les chairs. les vibrations percent, dispersent l’espace, les glissades s’en vont plus précises même lorsque le métal reprend ses droits et tourbillonne. saturation de l’air. corps à corps. le temps remonte à la source, origine du monde, origine des mondes. Je perçois le passage. nouvelle fuite en avant où la découverte attend. happé, le temps remonte au delà de la source. ni lumière ni obscurité je vois la courbure du néant, je touche l’indicible vérité celle qui m’échappe. tourbillon métallique, les photons dansent et seules restent les consciences. le calme retrouvé quelques sonorités m’arrachent encore quelques pensées. je suis retourné.
je tends le bras, la main, les doigts et là je sens la corde. raide.

Lhorens b. Sartori